• ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D'ART DRAMATIQUE DE MONTPELLIER

HOMMAGE À JEAN-PIERRE VINCENT

HOMMAGE À JEAN-PIERRE VINCENT

HOMMAGE À JEAN-PIERRE VINCENT 1200 799 ENSAD Montpellier

Jean-Pierre,

Comment un certain esprit qui circule aujourd’hui entre des écoles d’enseignement supérieur de théâtre – si singulières, si différentes – peut-il t’envoyer un mot de cœur aussi simple, aussi droit, aussi direct que ta parole ?
Chacun, à l’instant, sait qu’il ne sait pas comment s’y prendre, depuis le choc, la difficulté et la peine occasionnés par ta disparition, pour te dire merci.

Merci à toi, « camarade d’action physique, métaphysique autant qu’anti-métaphysique ».
Merci pour ton regard d’acteur-metteur en scène-pédagogue.
Merci pour ton soutien permanent, ta transmission vivante, avec et sans faille, à tant de générations d’artistes.
Merci d’avoir rendu si concrète, si claire, si évidente, cette réalité : chacune de celles, chacun de ceux que tu reconnaissais comme capable pouvait à tout moment s’appuyer sur toi pour aller de l’avant.

Cette réalité aussi factuelle que transgénérationnelle, inséparable de chacune de tes cellules, inséparable de ton travail d’artiste, est inscrite, depuis ta mobilisation infinie vers les autres, au commencement de leurs parcours de la reconnaissance, dans chacune des écoles d’enseignement supérieur.

Tu donnes et tu fondes, dans le temps de ta vie, le théâtre, ses écoles, les gens… pourquoi ?
Parce que « c’est plus fort que toi ».
C’est comme ça.
C’est toi : Jean-Pierre Vincent.
Un art et un artisanat de l’assistanat à personne en danger.

Certains d’entre nous peuvent se souvenir de toi, sur le plateau.
Traversant la scène.
Disant par exemple une phrase comme celle-ci : « Tu vois, tu vois cette lumière ?… Et bien, quand tu marches dans cette lumière, c’est avec ton vrai corps que tu marches… ».

Ton potentiel d’action, si vivant, si généreux, si amoureux, continue de parler haut et fort, continue de s’interroger, continue de considérer l’autre dans son expression, continue de s’énerver contre une injustice, une « injustesse », continue de rire aux éclats, continue de marcher sur le plateau.

Ami, merci merci merci.

Gildas Milin
Pour L’Association Nationale des Écoles Supérieures d’Art Dramatique (ANESAD)

Crédit photo : Jean-Louis Fernandez