• ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D'ART DRAMATIQUE DE MONTPELLIER

Identité pédagogique de l'ENSAD de Montpellier

Ce qui fait aujourd’hui l’identité pédagogique de l’école, c’est la réalisation de son nouveau projet dans le prolongement et le respect de son histoire, à savoir :

Le tramage de 5 outils forts alliés à une véritable durée.

C’est cette alliance qui est proposée aujourd’hui aux élèves acteurs de l’ENSAD à l’intérieur de ses murs et hors-les-murs.

Ces 5 outils, quels sont-ils ?

I – La maison Louis Jouvet

Son premier outil est son lieu d’ancrage (19 rue Lallemand : Bureaux, bibliothèque, salles de cours, de répétitions et de représentations), permettant, au jour le jour, d’articuler les stages techniques (corps, voix, chant, connaissance et usage de soi – cours dispensés en matinées), les cours théoriques (dramaturgie, histoire de l’art, du théâtre et du cinéma, cours de langue anglaise, informatique – en matinées) en lien avec la faculté et les ateliers d’interprétation dispensés en après-midi, voire soirée.

II – Le Théâtre du Hangar

Répondant présent à la dynamique forte de l’ENSAD, la Métropole de Montpellier vient d’agréer son nouveau projet de direction du Théâtre du Hangar et lance actuellement deux phases de travaux de réhabilitation du site :

1 – Une remise aux normes, été 2015, rendant possible son utilisation dès l’année prochaine,

2 – Une seconde phase de travaux, dans un peu plus d’un an, été 2016, comprenant la création d’une troisième salle et l’accueil du public pour les représentations de travaux d’école et des représentations professionnelles.

Pour l’ENSAD de Montpellier, bénéficier d’un outil tel que le Théâtre du Hangar (deux salles de répétition, une salle de représentation, bureaux, loges, atelier de construction) permet :

  • de compléter et d’appuyer, avec la réalisation de projets à l’intérieur de Théâtre du Hangar, une histoire au commencement et la dynamique actuelle de l’ENSAD, en partenariat avec d’autres lieux de création, d’autres écoles d’envergure, différents réseaux (Le CCNMLR de Montpellier, le master EXERCE études chorégraphiques, le Domaine d’O, la Manufacture de Lausanne HETSR, ESBAMA ont déjà fait part de leur souhait de s’associer dès l’année prochaine à l’ENSAD dans le cadre de sa direction du Théâtre du Hangar),
  • de tramer dans des espaces de grande envergure des questionnements, des enseignements, des recherches partagées par la danse, le théâtre, le cinéma, la musique, les arts plastiques, les nouvelles technologies,
  • de finaliser de véritables spectacles professionnels, en cours de dernière année, à partir des ateliers dirigés par la mosaïque des intervenants invités à travailler dans l’école pour le Répertoire Occasionnel de troisième année, ces spectacles  étant destinés à rencontrer une visibilité importante auprès du public des festivals et de celui des théâtres partenaires,
  • de favoriser un dialogue avec certaines compagnies régionales, nationales ou internationales, invitées par l’ENSAD en résidences de création dans le théâtre du Hangar, alimentant ainsi des échanges entre artistes de générations diverses, et, dans le cas d’engagements d’anciens élèves de l’école par ces compagnies, poursuivant concrètement une articulation entre la vie dans l’école, la sortie de l’école et la vie professionnelle,
  • d’inviter des acteurs et des artistes issus de l’école, pour des résidences de création de projets cinéma (le Théâtre du Hangar pouvant aisément être transformé en studio de cinéma) ou de projet théâtre dont ils peuvent être porteurs une fois sortis de l’école, engagés dans les prémisses de leurs différents parcours de la reconnaissance.

III – Le fonds d’insertion de l’ENSAD : le FIPAM

Comme la plupart des fonds d’insertion des écoles nationales d’enseignement supérieur d’art dramatique, le FIPAM vient en soutien aux productions des théâtres, structures de production, compagnies, etc. pour les montages financiers de spectacles, de performances, ou de films, en prenant en charge tout ou partie des salaires des acteurs issus de l’ENSAD.

Le caractère inédit de ce fonds d’insertion professionnel, c’est sa durée : son action d’aide peut s’exercer jusqu’à 6 ans après la sortie des élèves, accentuant les chances d’émergence d’acteurs, d’artistes en devenir.

IV – Le Répertoire Occasionnel de troisième année

L’année prochaine, L’ENSAD de Montpellier propose et réalise un concept inédit et concret : un Répertoire Occasionnel de troisième année, composé de quatre créations, qui ont pour vocation d’être vues un grand nombre de fois par un large public, et d’être coréalisées et coproduites par des festivals et des structures de théâtre.

Le développement de ce concept s’inscrit dans une tradition de répertoire qui va du théâtre du Grand Guignol à la Comédie-Française, mais elle suit aussi une tradition allemande, que le nombre d’élèves dans une école permet. Ce Répertoire Occasionnel de troisième année permet aux élèves d’éprouver l’évolution d’un travail sur la durée, d’observer de façon externe et interne le dépôt qui se produit naturellement quand on laisse un travail de côté pendant un certain temps avant de le reprendre, et d’avoir la sensation, rare, précieuse, d’appartenir à une troupe.

Ce concept entre en rupture avec l’habituel « spectacle de sortie » d’école qui a en général le défaut de cristalliser un ensemble de problèmes, de tensions possibles sur un seul et unique événement, sans parler des inévitables dissymétries en terme de distribution de rôles pour les acteurs et le manque de visibilité que son statut de « spectacle de sortie » ne peut manquer d’entrainer.

Avec ce concept actif de Répertoire Occasionnel de troisième année, l’ENSAD propose donc quatre créations qui ne sont plus pensées comme des spectacles de sortie d’école, mais comme de véritables spectacles professionnels.

Ces quatre créations seront jouées en alternance par les élèves sortants et respectivement dirigées par Alain Françon, Robert Cantarella, Jean-Pierre Baro et Gildas Milin, en partenariat avec le festival du Printemps des Comédiens et le Domaine d’O., en partenariat avec le festival d’Avignon, et reprises à la rentrée 2016 au Théâtre de la Commune d’Aubervilliers (d’autres théâtres sont dès aujourd’hui intéressés)

V – Un outillage, un accompagnement et un suivi inédit en matière de production

Les élèves de troisième année sont amenés à rencontrer et à entretenir un dialogue avec des « acteurs » du paysage de la production théâtre et cinéma en France, comme intervenants sur des questions liées aux conditions de production de spectacles ou de films :

  • Sylvie Suire – administratrice ENSAD, CINEMED, la compagnie Chicanes, la compagnie Interstice, etc.
  • Benoït Joëssel – administrateur de HTH – CDN de Montpellier,
  • François Duval – conseiller DRAC Languedoc-Rousillon,
  • Françoise Lebeau – directrice de Lelabo, structure de production pour les arts de la scène, puis, fondatrice de Lebeau et Associés, bureau de production et de diffusion,
  • Philippe Martin – directeur général et producteur de Les Films Pélléas.

Mais aussi, se met en place, en dialogue avec Laurie Quersonnier, responsable de production du Domaine d’O – en plus d’un partenariat visant à l’accueil par le Domaine d’O de projets personnels d’élèves sortis de l’ENSAD en résidences de création – un véritable accompagnement dans le montage des budgets de production de ces futurs spectacles.

Les élèves pourront être partie prenante sur toutes les questions de production, pourront à tout moment questionner Laurie Quersonnier sur la mise en place par elle d’une mosaïque de différents coréalisateurs, coproducteurs, lieux d’accueil nécessaires au bouclage financier de leurs premiers spectacles, permettant leur production et leur diffusion, en région ou sur le plan national.

Cet accompagnement par le Domaine d’O en dialogue avec le directeur de l’ENSAD des élèves sortants, concernant les questions de création, de résidence et de production est extrêmement précieux.

Cet accompagnement non chiffrable, non mesurable mais tout à fait concret proposé par Laurie Quersonnier, le Domaine d’O et l’ENSAD se tourne résolument vers la jeune création et encourage positivement de jeunes artistes dans les prémisses de leur parcours de la reconnaissance.

L’alliance de ces 5 outils avec une durée

Ces 5 outils, aussi essentiels soient-ils ne sont rien s’ils ne sont pas tramés dans une durée, qui seule peut rendre possible l’émergence d’acteurs, d’auteurs, de metteur en scène, de réalisateurs, de créateurs, de plateformes d’interprètes, de collectifs, etc.

Cette durée quelle est-elle ?

1 – d’abord, les trois années de formation, recherche et création passées à l’école,

2 – ensuite, les premiers mois suivant la sortie de l’école où il est question pour les élèves sortants de jouer le Répertoire Occasionnel devant le public de festivals et de théâtres partenaires – ce temps à jouer en alternance ces quatre spectacles est une véritable passerelle « professionnalisante », permettant à ces jeunes acteurs de réaliser un grand nombre d’heures, concrétisant ou les approchant du statut d’intermittent et leur permettant encore d’être vus par un grand nombre de professionnels, employeurs potentiels,

3 – puis, dans les années suivantes, le partenariat avec le Domaine d’O, doit permettre à certains artistes issus de l’ENSAD d’envisager la création de projets personnels, accompagnés en production par Laurie Quersonnier et possiblement accueillis en résidence par le Domaine d’O ou par le Théâtre du Hangar,

4 – enfin, le FIPAM, le fonds d’insertion de l’ENSAD soutient les acteurs issus de l’école, en prenant en charge tout ou partie de leurs salaires, jusqu’à six ans après leur sortie,

5 – et encore, l’ENSAD peut faire appel à certains anciens élèves, comme intervenants pour des ateliers d’interprétation, et ce, très tôt après leur sortie, poursuivant ainsi un schéma axé vers la vie professionnelle.

mais attention,

si comme dans un véritable système cellulaire, un élève entre par concours dans la cellule organique – à la fois ouverte et fermée au monde extérieur – qu’est l’école,

si il y apprend son métier, sous différentes formes, aspects, facettes et qu’il en sort, accompagné dans sa sortie par cette école-même,

et si, à l’occasion, il peut y revenir pour enseigner et transmettre à son tour aux générations suivantes, il n’en reste pas moins que l’école, dans l’ensemble de ses accompagnements aussi importants et nécessaires soient-ils, ne vise qu’une seule chose :

l’autonomie la plus grande possible pour ses anciens élèves, artistes de demain, acteurs de la jeune création.

Recherche et expérimentation

L’ENSAD envisage le rapport des élèves au théâtre au cinéma comme celui d’une recherche, tant sur les esthétiques, les formes, les écritures, que sur le statut de l’acteur, sa nature spécifique (dans ce qu’elle a de commun à tous et de propre à chacun), le sens de l’assemblée théâtrale, la communauté de travail du cinéma, et bien sûr l’organisation et le fonctionnement des professions artistiques.

L’ENSAD, dans son nouveau projet est un lieu de formation, non pas pour la recherche, mais par la recherche. Recherche, formation et professionnalisation y sont inextricablement liés, « on enseigne bien ce que l’on cherche » disait Gilles Deleuze.

Si cette réalité se vérifie dans tous les champs ou disciplines, peut-être particulièrement dans des champs sensibles ou intellectuels, c’est encore plus prégnant dans l’art, notamment au théâtre et au cinéma.

S’agissant d’artistes en devenir, la formation à l’ENSAD permet aux élèves, à la fois d’accéder à l’acquisition de techniques, de savoirs et de savoir-faire spécifiques à chaque discipline, mais envisage aussi et au-delà, d’accompagner les élèves dans le développement d’une attitude artistique propre : une attitude de chercheur.

L’ENSAD favorise et incite chaque élève à développer une réflexion critique et prospective à l’intérieur de chaque atelier d’interprétation (stage de création) :

  • Tout d’abord, en entretenant une discussion, une relation ouverte avec chaque intervenant tout au long de la période de travail et au delà
  • L’ENSAD cherche par l’ensemble de ses moyens techniques et humains à faire entrevoir aux élèves que les métiers de l’art sont des métiers de négociation permanente, où rien ou presque ne peut être fait sans l’autre, sans mise en circulation d’idées, des informations, sans confrontation
  • Deux élèves différents par stage ont à charge de filmer sur plusieurs jours, le début, le milieu et la fin du stage, afin de nourrir une mémoire des enseignements dans l’école, de nourrir une matière de recherche et de réflexion a postériori
  • L’ensemble des élèves, dans la mesure et la proportion qui convient à chacun, tient un journal de bord écrit sur l’entièreté du stage
  • Ces réflexions personnelles peuvent être débattues à tout moment avec des membres du conseil pédagogique, avec le directeur, avec l’intervenant du stage dont il est question et rendues publiques (après accord du directeur) sur une page du nouveau site internet de l’ENSAD spécialement prévue à cet effet – même chose pour toute matière filmée à partir des différents travaux qui ont lieu dans l’école (cette transparence relative et choisie doit permettre à de futurs candidats ou à toute personne intéressée par la vie et le travail dans l’école de trouver sur le site de l’ENSAD des éléments de réflexion autres que ceux proposés par l’école elle-même)
  • Au moins une réunion par semaine est ouverte par chaque intervenant en cours de stage pour débattre avec les élèves de questions de fond soulevées par le travail
  • Un bilan oral et parfois écrit est donné par l’intervenant aux élèves à l’issue de chaque stage
  • Un bilan oral et parfois écrit est donné par le directeur aux élèves à l’issue de chaque stage

Une plateforme de transmission transgénérationnelle

L’ENSAD est le lieu de la rencontre entre des créateurs d’aujourd’hui, les intervenants, et les élèves acteurs : futurs interprètes, metteurs en scène, réalisateurs, auteurs, pédagogues de demain.

Les orientations de l’ENSAD ont pour visée un horizon de formation, mais ouvrent aussi sur La relation entre les générations – une attention portée aux générations à venir, à l’ensemble des générations.

L’ENSAD est le lieu de la tension ou de la friction entre une transmission, un enseignement donné par des metteurs en scène, créateurs – pédagogues très expérimentés, reconnus – et des metteurs en scène, créateurs – pédagogues au début de leur parcours de la reconnaissance. C’est de cette tension, favorisée au sein de l’école, entre une transmission faite par des créateurs expérimentés ou très expérimentés et une transmission faite par de jeunes créateurs sortant d’écoles de mise en scène, de classe de mise en scène masters pro ou travaillant à leurs premiers projets professionnels, que peut naître, chez les élèves, un désir de générer eux-mêmes leurs projets, conscients d’appartenir à une mosaïque de générations, sans laquelle il ne peut exister de véritable transmission.

L’école fait appel, pour les ateliers d’interprétation, à des artistes, intervenants (acteurs, metteurs en scène, chorégraphes, danseurs, musiciens, etc. reconnus au plan régional, national ou international) qui ont pour perspective de mettre au travail de futurs professionnels du théâtre et de l’audiovisuel, poursuivant une mosaïque des générations.

L’école invite des intervenants avec la volonté d’en finir avec les bulles générationnelles de l’artiste solitaire, seul dans son temps, seul dans sa génération.

L’ENSAD s’affirme comme un lieu ouvert à l’ensemble des générations d’artistes, de professionnels du théâtre et de l’audiovisuel.

Styles

La confrontation des apprentis acteurs avec des professionnels représentant l’ensemble des générations et ayant des approches artistiques non réductibles à des styles est aussi une façon de sortir des clivages : modernes / anciens, jeunes / vieux, contemporains / classiques.

Reconnaissance

L’école favorise les reconnaissances mutuelles entre élèves-acteurs, artistes et professionnels de générations différentes, qui, elles seules, peuvent empêcher certaines choses de disparaître d’une mémoire participant à l’histoire du théâtre et du cinéma, comme d’une mémoire vive, permettant de donner naissance et raison à des vocations d’interprètes, de metteurs en scène, d’artistes, comme à des projets, partagés par certains d’entre eux dans un avenir proche.

Transdisciplinarité

En trois ans de formation de base, les acteurs doivent être prêts à répondre et opérer des choix parmi les sollicitations professionnelles futures, et être préparés à accueillir et à accompagner des formes scéniques d’aujourd’hui, des plus classiques aux plus contemporaines. Il est fondamental que les intervenants qui prennent en charge les étudiants sur un temps long, celui d’une véritable création, témoignent d’un contact concret, fréquent et engagé dans les problématiques artistiques d’aujourd’hui comme dans les réalités professionnelles. Ils sont des artistes en activité. L’ENSAD maintient l’ouverture la plus large aux praticiens des arts scéniques en tentant de balayer un vaste champ de formes, d’adresses, d’écritures textuelles classiques et contemporaines, d’écritures de plateau, de transdisciplinarités.

Réexamen

L’ensemble de ces éléments et outils de travail au sein de l’école doit permettre à chaque élève de se construire sa propre force de réexamen de la pratique, son questionnement.

Sans une remise en question des façons de faire, sans l’habitude prise dès l’école d’un réexamen continu de la pratique, sans une réflexion et un questionnement réguliers, le travail de tout artiste est voué à la sclérose, à l’autocitation et à l’étouffement.