「 PROMOTION 2026 」
HUMANIMALE (SPHÈRE)
Session de travail préparatoire avec les étudiants de 3ème année
> Du 3 au 29 novembre 2025
Nous travaillerons pendant un mois avec les élèves, d’un côté, sur les techniques de désynchronisation – c’est-à-dire de mise en relation entre le travail de plateau, le travail d’interprète, et ce qu’on peut aujourd’hui entrevoir des fonctionnements du cerveau humain – et, de l’autre, nous travaillerons sur ce qui devrait être à l’avenir peut-être le seul sujet d’importance puisqu’il englobe tous les autres – à savoir la commercialisation du monde, suivant l’idéologie très claire et très précise de l’Organisation Mondiale du Commerce : dans un avenir très proche, tout, absolument tout devra pouvoir être à acheter et à vendre : le minéral, le végétal et le vivant.
Pour rappel en 1995, 153 pays dont la France votaient entre autres accords (entérinant la victoire totale des droits du commerce international sur l’ensemble des autres droits) – l’Accord Général sur le Commerce des Services – dont le premier article décrivait précisément sa visée : « Nous irons par des négociations successives vers un degré toujours plus élevé de libéralisation et de privatisation de l’ensemble des secteurs de l’ensemble des services ».
Il ne s’agit donc pas du tout d’un sujet de science-fiction, mais bien de l’horizon des évènements promis pour l’année 2050, à savoir à la fin des lois de l’exemption : l’idée que toute l’activité humaine sera désormais privée, privatisée, et, si ce n’est entièrement fait, privatisable – puisque ces accords commerciaux internationaux n’ont pas de fin – si ce n’est : un monde sans plus aucune « distorsions commerciales », sans retraites, sans salaire minimum, sans aides, sans subventions, sans service public, sans respect des droits humains fondamentaux, sans rien qui vienne entraver la concurrence parfaite, le tourisme absolu.
Il est difficile mais peut-être bon de savoir que 15 ans après la naissance de l’OMC, des experts en économie alliés à des scientifiques travaillaient déjà de concert à un projet qui ne peut que nous toucher de particulièrement près : la commercialisation de l’air, l’air que nous respirons.
À terme, donc, (tout comme l’eau, sa distribution et sa propriété) l’air sera – comme tout ce qui est ou vit sur cette planète – la propriété de firmes commerciales et les humains devront payer pour pouvoir simplement respirer (c’est-à-dire : vivre).
Le cadre de réflexion, de travail et de mise en jeu est bien réel – d’une « commercialisation de l’air » – et sera « re-fictionné » pour l’occasion de ce stage.
Gildas Milin est auteur, acteur, metteur en scène et pédagogue.
Il intègre le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique en 1989. En 1995, il fonde la compagnie Les Bourdons Farouches.
Depuis 1994, il intervient régulièrement dans les écoles signataires de la plate-forme de l’enseignement supérieur pour la formation du comédien : l’école du TNB, l’ÉRACM, l’École du Nord, l’ESAD, l’École du TNS, le CNSAD, et à la Manufacture – Haute École de Théâtre de Suisse Romande (Lausanne – HETSR). À l’étranger, il a notamment collaboré avec Lars Norén et Thomas Ostermeier – au cinéma, avec Pascale Ferran.
Il a été auteur et metteur en scène associé au Théâtre National de la Colline de 2001 à 2008, puis, au TNS jusqu’en 2013. Ses pièces sont publiées aux éditions Actes Sud-Papiers. Il est nommé à la direction de l’Ensad de Montpellier fin 2014, et à la direction du Hangar Théâtre en 2019.
© photo Solange Ayache