ESPÈCE D’ANIMAL
Résidence de recherche – Hangar Théâtre – Du 7 au 19 décembre 2020 et du 7 au 20 janvier 2021
Le récit s’articule autour du flot de pensées intérieures du héros narrateur, Paul un adolescent de 16 ans, entrecoupé par des scènes dialoguées correspondant à ses interactions avec d’autres personnes dans sa vie quotidienne (parents, professeurs, amis, petite amie, chien etc).
Cela débute comme un réveil, comme un début de journée type dans la vie d’un adolescent, une journée aux allures de naissance au monde, et se clôturera par l’espoir d’une envolée, au sens strict ou dans un sens plus métaphorique.
Car depuis quelques temps, depuis l’été qui précède cette rentrée des classes, Paul se sent parfois animal. Au contact de certaines personnes, dans des situations le mettant mal à l’aise, ou lorsqu’il n’arrive pas communiquer avec autrui, Paul a parfois le sentiment de ne pas un être humain. Il a l’impression de se comporter pour chaque situation donnée comme une certaine espèce animale.
Ces “crises d’animalité”, d’abord secrètes, sont peu à peu perçues par les autres comme la manifestation d’un malaise chez le jeune homme, de son inadéquation au monde réel, comme une forme de singularité aussi (qui le distingue, ou qui l’isole). La traduction du titre même de l’œuvre rend compte à la fois de ce sentiment intime du jeune héros d’appartenir à l’espèce animale, et de la vision péjorative que les autres portent sur ce qui est perçu comme une anormalité (l’expression “espèce de” apparaît alors comme une insulte). En cela, le texte interroge de manière subtile le trouble ressenti par les jeunes gens sur les questions de genre et de sexualité au moment de l’adolescence, période charnière durant laquelle ils font l’expérience des premiers émois amoureux, des premiers éveils de désirs, des premières tentatives de passage à l’acte. Le zoomorphisme de Paul se manifeste violemment par exemple lors de son premier rendez-vous amoureux avec Karen. Il emmène la jeune fille dans un zoo, et ne peut s’empêcher de “faire le rhinocéros”. Se retrouvant en tête à tête avec elle, il semble complètement dépassé par son désir pour elle, comme s’il était une bête sauvage ne pouvant contrôler ses pulsions reproductives.
C’est la peur de ses pulsions, qu’il perçoit comme des réactions animales (instinct de reproduction, marquage de territoire, désir de domination) propre au parcours initiatique de tout adolescent qui lui donne l’impression d’appartenir au règne animal, et non pas à l’espèce humaine.
Traduction Gisèle Joly et François Raison
Texte paru aux Editions Espaces 34
Mise en scène Dag Jeanneret
Avec Clément Bertani, Elodie Buisson, François Macherey, Frédéric Roudier
Scénographie et Costumes Cécile Marc
Lumières Christian Pinaud
Création sonore Antoine Monzonis
Régie générale Mathieu Zabé
©Régis Durand de Girard