La Maison Louis Jouvet est heureuse d’accueillir pour la première fois Christophe Perton, metteur en scène, auteur, cinéaste, ancien directeur de la Comédie de Valence-Centre Dramatique National de Drôme-Ardèche, pour un premier travail de recherche et de laboratoire sur de la vie de Pier Paolo Pasoliniavec la nouvelle promotion 2016 de l’ENSAD.
La deuxième session de répétition, en mai 2014, donnera lieu à une création qui sera représentée au prochain festival du Printemps des Comédiens et auFestival des Écoles du Théâtre Public à la Cartoucherie de Vincennes.
Pasolini : poète, dramaturge, romancier, cinéaste, critique et essayiste. Il est rare que la puissance et le spectre d’une œuvre résonnent de façon aussi cohérente avec un engagement politique et esthétique. Pasolini par son courage et la force visionnaire de ses mises en garde demeure un exemple et un guide bienveillant de notre temps trouble et inquiétant. C’est cette vision, cette conscience et cet engagement que j’ai souhaité partager avec douze jeunes acteurs qui entament leur première année à l’ENSAD. Le parcours que je souhaite mener à leurs côtés ambitionne d’abord de retracer le chemin qui a conduit le jeune poète de 18 ans des collines de son Frioul natal jusqu’à la plage d’Ostie à Rome où il fut mis à mort pour s’être battu sans relâche avec les armes de la poésie et la force de son œuvre pour faire entendre sa voix aussi salutaire que contestataire. D’épisodes de théâtre en séquences de cinéma, de poèmes en déclarations critiques, nous fouillerons l’œuvre protéiforme pour en trouver le fil et tenter de faire entendre la douce et ferme voix du poète et sa vitalité désespérée. Viendra alors le temps d’un travail. Autour d’une œuvre ou de plusieurs. Car il s’agira avant tout de trouver la forme la plus juste, pour permettre à chaque élève comédien, une rencontre créatrice qui puisse forger l’interprétation dans la conscience d’une œuvre. A la veille d’être assassiné Pasolini déclarait encore dans une ultime interview : « Moi je descends en enfer, et je sais des choses qui semblent ne pas troubler votre quiétude. Mais prenez garde. L’enfer monte chez vous aussi. C’est vrai qu’il s’approche dissimulé derrière toutes sortes de masques, toutes sortes de drapeaux. Mais c’est vrai aussi que son envie, son besoin d’attaquer, de frapper, de tuer est de plus en plus fort et de plus en plus généralisé. (…)
Il est possible que ce soit moi qui me trompe.
Mais je maintiens que nous sommes tous en danger. »