De l’utopie et de la jeunesse
Il y a, en ce qui regarde la jeunesse, un a priori fallacieux, voire néfaste qui formate progressivement le discours et l’imagination collective de nos sociétés contemporaines : les jeunes gens brilleraient par leur parfait désinvestissement vis-à-vis de la respublica, par leur dépolitisation achevée, par leur individualisme forcené, et par leur incapacité totale à penser l’avenir et le collectif. Rien n’est moins vrai. Et le protocole d’entretiens avec les jeunes lycéennes et lycéens sur lequel repose le projet CALLIPOLIS en apporte un radieux démenti.

 

La salle de classe comme Théâtre
La question n’est pas tant de jouer dans une salle de classe que de considérer radicalement la classe comme territoire actif de la pensée, comme lieu depuis lequel le monde peut s’inventer, puisqu’il est l’endroit depuis lequel le savoir se constitue ou se construit. La salle de classe devient à son tour un espace investi et non subi. Elle est le territoire du pays CALLIPOLIS et les collégiennes, collégiens, lycéennes, lycéens ou ceux qui se trouvent là au moment du spectacle en deviennent les habitants-citoyens.
Il est demandé que les élèves-spectateurs soient dans l’ignorance de la représentation théâtrale et que l’événement soit présenté par les équipes pédagogiques et professeurs comme une « Conférence sur l’Utopie » par Jacques Allaire.
 Ce subterfuge permet l’immersion des deux comédiens qui se mêlent aux élèves comme des nouveaux lycéens intégrant l’établissement. À l’issue du spectacle, une discussion libre sera proposée sur les thèmes abordés pendant la représentation : 
la démocratie, l’organisation des institutions, la justice sociale, l’utopie. CALLIPOLIS consistera donc en une sorte de mise en miroir, un jeu de dialectique entre un public d’adolescents et les deux personnages qui portent la parole d’autres adolescents.