La vie suit son cours et nous sommes tout aux choses qui occupent généralement les gens : l’amour, l’argent, soi, le monde et ainsi de suite. Voilà qu’un jour, le diagnostique tombe : maladie incurable, encore 6 à 18 mois.

 

Qu’est-ce qui commence, là ? Quand tout à coup, et curieusement, l’enjeu devient de continuer à vivre. Sans avenir, sans espoir pour soi-même. Continuer à vivre ; parce que chaque heure est longue. Et chaque regard, chaque mot, chaque geste pèsent différemment, comptent et coûtent différemment. Chaque nuit, chaque matin.

 

Que reste-t-il à dire ? À ses proches, aux moins proches, aux inconnus, aux militants, aux politiques, aux prêtres et aux vedettes ? Que reste-t-il à entendre, à sentir ?

 

Ce thème nourrira un travail d’improvisations préalable à l’écriture. Les comédiens s’engageant à mettre en jeu leur propre rapport à la finitude, leurs croyances, leurs rêves et leurs angoisses.

 

Explorer l’intervalle qui s’ouvre à l’annonce d’une mort prochaine, c’est interroger en particulier la notion de « devenir ». Cet impératif constant qui structure notre existence depuis l’enfance : devenir grand, devenir fort, performant, intelligent, sensible, devenir pompier, danseuse, propriétaire, devenir parent, devenir vieux, etc… Affranchi du devenir, comment est le temps ? Quand toute projection perd sens instantanément, quelle consistance a le présent ? 

Cherchant les moyens de traduire scéniquement une perceptions singulière de la durée, un non-devenir et une non-continuité, cela deviendra par la suite le cœur de notre travail de création. Nous pourrons alors nous libérer de notre thème de départ s’il le faut, n’en garder que les traces narratives, ou les éclats. L’objectif essentiel étant de communiquer au spectateur futur une intuition qui, échappant ultimement à toute verbalisation, serait celle d’un temps vertical.