• ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D'ART DRAMATIQUE DE MONTPELLIER

Fév. – Mars 2024 / Caroline PROUST

Fév. – Mars 2024 / Caroline PROUST

Fév. – Mars 2024 / Caroline PROUST 800 620 ENSAD Montpellier

「 PROMOTION 2026 」

CAROLINE PROUST
Session de travail avec les étudiants de 1ère année

> Du 12 février au 8 mars 2024

Sur le JEU

Je ne détiens pas la vérité et ce que je m’apprête à partager est issu de mon expérience d’actrice.
Je pense que l’écoute est une qualité indispensable à avoir pour un acteur. Un acteur qui écoute et sait utiliser ce que son partenaire lui donne s’enrichit. Je n’aime pas les virtuoses qui jouent seul·e·s.

L’exercice conjugué des répétitions pour le théâtre qui durent plusieurs semaines et le temps des tournages qui oblige à aller très vite, m’a enseigné une certitude : il n’y a pas de temps à perdre !

J’ai utilisé ce que m’ont appris les tournages pour l’amener au théâtre.
Ce qui m’a été très utile lorsque j’ai travaillé avec Ivo Van Hove sur un spectacle qu’il avait déjà créé avec des acteurs anglais dont il a repris la mise en scène pour le théâtre de l’Odéon. Il a très peu travaillé avec nous et la dizaine de jours de répétitions nous obligeaient à une très grande disponibilité et attention. Ce fut un spectacle très riche. Il m’a fallu travailler de manière très organique. Évidemment connaître le texte parfaitement.

Quand je suis dans le laboratoire qu’est la salle de répétitions, je me souviens de l’urgence que m’ont demandé les tournages et je me jette immédiatement dans la situation qui est écrite et dans laquelle mon personnage se trouve. Le metteur en scène est là pour souligner et m’accompagner dans ce qu’il souhaite.

Je ne cherche pas le personnage, je joue la situation avec la plus grande disponibilité possible. L’intention de la scène, que raconte la scène ? C’est là l’endroit sur lequel mon jeu s’appuie, je dois être très concrète. Jouer de la façon la plus concrète que je peux. Je suis un tuyau par lequel passe les mots écrits, les émotions suivent naturellement. Je laisse cela se produire, sans volontarisme et sans pudeur, et cette disponibilité dans laquelle je me trouve produit une espèce de miracle. Une inflexion de voix que je n’aurais pas soupçonnée surgit. Cette voix s’impose toute seule et mon personnage apparaît parce que je me suis seulement laissé faire, abandonnée totalement. La gratitude qui est donnée par les spectateurs quand le spectacle joue est une bonne récompense à cette attitude généreuse.

Je ne me suis pas regardée faire, j’ai écouté le metteur en scène, j’ai écouté mon partenaire et j’ai été traversée par une émotion qui m’a moi-même surprise. C’est ce que je souhaite transmettre aux élèves de l’Ensad.


Caroline PROUST